Qui sommes-nous ?
La création du CERGA
Il y a 50 ans, la Fondation C.E.R.G.A (Centre d’Etudes et de Recherches de la Géologie et de ses Applications) jouait déjà, au côté du service de géologie de la Faculté des Sciences de l'Université de Montpellier, un rôle déterminant, tel que préconisé dans la réforme actuelle de l’Université.
En effet :
En 1958, en accord avec le Recteur de l’Académie de Montpellier et le Directeur Général de la Société Le Nickel, traduisant ainsi son souci de faire collaborer l’Université et l’Industrie, le Professeur Jacques Avias créait le C.E.R.G.A.
Cette création, sous la forme d’une Association loi 1901, donnait la possibilité de signer des contrats d’études avec des Administrations publiques et des Sociétés privées et permettait ainsi d’obtenir des crédits utilisés pour le développement de l’enseignement et de la recherche : bourses étudiantes, frais de stages, impressions de thèses, recrutement de personnels techniques, acquisition d’appareils de mesures, etc…
Les études sous contrat, menées par les étudiants de 3ème cycle ( DEA et thésards) sous la direction conjointe de leurs enseignants et d’experts extérieurs à l’Education Nationale, outre les résultats qu’elles apportaient dans les domaines appliqués comme fondamentaux, permettaient de parfaire la professionnalisation des étudiants.
Les programmes d’enseignement comportaient en effet, outre des bases théoriques assez étendues pour prévoir une adaptation ultérieure à l’évolution des méthodes, les connaissances professionnelles immédiatement nécessaires.
Les règles administratives de la Faculté n’auraient pas donné assez de souplesse financière pour réaliser dans de bonnes conditions les travaux prévus dans les contrats : embauche rapide et paiement des salaires des techniciens, achat des matériels et fournitures, analyses diverses, déplacements, campagnes géophysiques, sondages, etc…
L’obtention assurée d’un emploi, parfois avant la fin du cycle d’étude complet, attirait un grand nombre d’étudiants d’horizons variés, constituant ainsi un « vivier » au sein duquel pouvaient être puisés, outre des géologues professionnels, de futurs chercheurs et enseignants chercheurs.
Le fondateur du CERGA : Jacques Avias
Grande figure de l’Université et de la Géologie françaises, Jacques Avias est né en 1918 à Aubenas et décédé en 2003, à l’âge de 85 ans, après 44 années d’activités au service de la Recherche et de l’Enseignement supérieur dont 29 à l’Université de Montpellier, puis 18 années d’une retraite des plus dynamiques dans son Ardèche natale.
Agrégé de Sciences Naturelles en 1945 à l’issue d’études supérieures brillantes bien que perturbées par la guerre, il fut d’abord stratigraphe et paléontologiste, spécialité couronnée par la soutenance, en 1952, de sa thèse consacrée aux formations ante-crétacées de la Nouvelle-Calédonie. Il ne peut néanmoins résister - esprit curieux de tout, pourvu d’une large culture scientifique - à la tentation de s’intéresser et d’intéresser ses élèves à tous les aspects des Sciences de la terre.
Adepte par nature du « vagabondage scientifique », il s’enorgueillissait d’être généraliste, mais conscient que la science moderne exigeait des spécialisations de plus en plus étroites, il prônait la pluridisciplinarité. Dès sa nomination à Montpellier en 1956 comme Professeur, il a cherché à s’entourer de spécialistes divers censés développer ensemble des programmes de recherche communs au sein d’un grand Institut interdisciplinaire. Ayant très tôt compris, du fait d’un parcours moins linéaire que celui de la plupart de ses collègues, l’intérêt de sortir l’Université de sa tour d’ivoire et de valoriser sa recherche, il crée avant l’heure, dès 1958-59, un enseignement de 3ème cycle unique en France. Les deux options qui le composent : hydrogéologie et gîtes minéraux associés aux roches ultrabasiques, témoignent de sa perception juste de l’avenir. Avec la participation active de professionnels aux côtés des Universitaires, il a permis entre autres la formation de centaines d’hydrogéologues, pour la plupart docteurs, disséminés ensuite partout dans le Monde et générateurs de la réputation nationale et internationale acquise par Montpellier dans les domaines de l’enseignement et de la recherche en Sciences de la Terre et de l’Eau. Les très nombreuses thèses qu’il a dirigées, couvrant en particulier la totalité du territoire du Languedoc-Roussillon, mais aussi la Nouvelle-Calédonie à laquelle il est toujours resté profondément attaché, ont été possibles grâce à la création par ses soins de la Fondation CERGA (Centre d’Etudes et de Recherches de la Géologie et de ses Applications) gérant les contrats passés avec l’Industrie et les Collectivités territoriales et contribuant au rapprochement Université-Entreprises-Administrations et au développement économique régional.
Après les événements de 1968, dans le cadre de la réforme des Universités et de la création des Unités d’Enseignement et de Recherche, il a été l’initiateur et le directeur de la seule unité transversale de l’Université des Sciences et Techniques du Languedoc, à l’intitulé prémonitoire : «Ressources naturelles et Aménagement régional» et dont la vocation était de fédérer des équipes de recherche bien au-delà des seules Sciences de la Terre. Dans le même esprit et en même temps, il avait imaginé et défendu le projet d’une Ecole Nationale de l’Eau qui n’a abouti que récemment, après maintes difficultés, sous la forme moins ambitieuse de « Maison des Sciences de l’Eau ».
En avance sur son temps, Jacques Avias fut malheureusement trop souvent mal compris par le milieu académique traditionnel. Armé d’une rare énergie, d’une puissance de travail hors du commun, esprit libre, original, il a toujours et jusqu’au bout défendu ses idées avec pugnacité, séduisant les uns, irritant les autres.
L'image qu'il a laissée à la plupart de ceux qui l'ont bien connu, élèves, collaborateurs ou collègues, est celle d'un vrai Maître qui, étranger à tout sectarisme, a beaucoup fait pour le décloisonnement de l'université, pour le développement des Sciences de la terre et pour l'évolution des idées, en laissant chacun libre, comme lui, de penser à sa guise.